Home, sweet home !

Le devant de la maisonLes Norvégiens nous ont gâtés : ils nous louent une belle et grande maison, avec tout le confort moderne… pour le Cameroun s’entend. Cette maison est constituée d’un grand living-room (salon-salle à manger), de trois chambres, d’une cuisine, d’une salle de bains et d’une réserve, pour stocker des denrées à l’abri de la chaleur.

L’arrière de la maison sous les manguiersL’entrée avec le salonLa salle à mangerCaroline et Lucie dans leur “bureau”

Une chambreLe confort de base pour ne pas tomber trop malade est présent : moustiquaires aux fenêtres, moustiquaires pour les lits, filtre à eau. Afin d’être vraiment certains qu’elle est consommable, nous faisons bouillir l’eau avant de la filtrer. Cela devrait suffire… même si dans les faits, je suis déjà malade du ventre en écrivant ces lignes. Le problème vient plus souvent de ce que nous mangeons à l’extérieur. Bon… il faut que je m’habitue, non ?

Le filtre à eau…ancien mais assez efficace.

A cette saison (saison sèche), le principal problème est la poussière, qui est vraiment partout. Les véhicules la soulèvent, le vent chaud (l’harmattan) l’emporte, on la transporte sous ses chaussures. Il faut donc balayer et laver régulièrement les sols, sous peine d’être vite sale en permanence. Nous aurons du plaisir à retrouver la pluie, en avril si tout va bien. Quoique la boue, c’est pas évident non plus…

Le “trou”

L’intérieur du trou… tri non-sélectif !Du côté des déchets, le tri sélectif est encore « peu pratiqué ». En gros, on creuse de gros trous dans la terre, on y met une grille pour éviter les accidents, et on balance tout dedans : déchets verts, plastiques, électronique,… quand le trou est presque plein, on bouche le reste et on recommence un peu plus loin. Pour ceux qui connaissent ma sensibilité écolo, vous devez vous douter que cela me donne des maux de tête presque continuellement ! Peut-on faire mieux ? Je l’espère et j’ai déjà lancé une ou deux idées… à suivre !

Il manque une lampe ? Un chapeau et c’est réglé !

Fréquenter, c’est important !

Au Cameroun, on ne va pas à l’école : on « fréquente ». Et c’est une véritable fierté pour des parents d’avoir leurs enfants qui fréquentent. Le niveau de l’enseignement est très variable d’un établissement à l’autre, suivant souvent l’écolage, et les établissements privés se sont multipliés en ville depuis notre départ en 2002.
De notre côté, pas vraiment question de standing ou de prestige, nos enfants vont à l’école qui est la plus proche, juste à l’entrée de la station, à 5 minutes à pied. Nathan suit la classe de Maternelle Grande Section de l’ecole Maternelle Protestante de la Station, tandis que Marie fréquente en Cours Élémentaire 2 de l’Ecole Pilote de la Station.

L’école pilote de la station… lors du lever des couleurs à 7h30

L’école maternelle


Marie en uniformeL’adaptation est en train de se faire, mais cela a clairement été plus facile pour Marie : Caroline a pu venir parler le premier matin à la classe, afin d’expliquer pourquoi nous sommes plus pâles que notre fille. Cela a évité des questions pénibles pour Marie. Dès la première récréation, Marie a été entourée de petites camarades curieuses. Et dès le deuxième jour, elle a eu son uniforme, jaune et bleu (on ne risque pas de la perdre !).
Nathan attend encore son tablier bleu : il aurait nettement préféré un vert, mais c’est la couleur d’une autre école ! Il est en train de s’habituer aux horaires costauds : il commence à 8h00 pour finir à 13h00, sauf le mercredi et le vendredi où il termine à 12h00. Il est ratiboisé en fin d’après-midi ! Marie commence à 7h30 et terminer à 14h00, avec deux récréations. Le mercredi, la classe se termine aussi à 12h00.

Nathan : départ pour l’école

Dès le départ, nous avons pu constater que le programme camerounais est différent du programme vaudois : Marie est revenue paniquée le premier jour car elle n’avait jamais vu la multiplication en colonne pour faire 23 x 68 ! Grâce à sa maîtresse de Prangins, Mme Widmann, qui a très vite commencé à faire apprendre les livrets, j’ai pu rapidement apprendre à Marie deux méthodes de multiplication, qu’elle a bien vite comprises. Et le lendemain, elle devait transformer des kilos, hectogrammes et décagrammes en grammes… Mais elle se défend !

Sortie de classe chez les petits

Nathan, lui, est revenu de son premier jour d’école avec… des devoirs ! Il a dû écrire deux lignes de chaque voyelle en minuscule. Pour lui qui est gaucher, ce fut un joli défi. Et la maîtresse lui a mis un « Bien » dont il a été très fier. Tous les deux vont avoir une initiation à l’anglais, langue nationale, et des cours d’hygiène, de morale, etc… nous espérons que cela ne vas pas créer trop de confusion dans l’esprit de nos enfants. Marie continue de son côté à bosser des vocabulaires et des verbes que ses amis de Suisse vont apprendre d’ici à la fin de l’année scolaire.

En route vers Ngaoundéré

Après 72 heures passées à Yaoundé, dans sa chaleur humide, nous étions tristes de quitter notre amie Maïramou, mais heureux de reprendre notre voyage vers notre destination finale : Ngaoundéré.

Depuis plusieurs années, il n’y a plus d’avion qui se pose dans cette ville. Il y a parfois des vols vers Garoua, plus au nord, mais ils sont peu fiables. Le seul moyen efficace de monter est donc de prendre le train de nuit. Il part de manière très précise à 18h10 et arrive… entre 14 et 24 heures plus tard.

Marie et Nathan dans le train de nuit

Le vendredi soir donc, nous avons pu profiter de wagons-lits première classe, en relativement bon état, avec un service nettement meilleur que dans notre souvenir : restauration, gardien, sanitaires nettoyés régulièrement, le voyage fut plutôt agréable.Un petit village traditionnel du Nord

La montée vers Ngaoundéré est rythmée par les arrêts dans différentes gares. A chaque fois, c’est le même rituel qui s’installe : des vendeurs locaux accourent et proposent quantité de produits locaux : bananes, papayes, ignames, bâtons de manioc, miel,…. Les voyageurs en profitent habituellement pour faire de larges emplettes, car les prix sont « très moins chers ». Nathan a profité du trajet pour se faire un ami, parmi les voyageurs.

Nathan et son ami Moussa

Le train arrive dans les paysages de l’Adamaoua

La chance fut avec nous puisque notre train arriva à Ngaoundéré à 9h20 déjà. Une belle performance ! Il fallut débarquer nos nombreux bagages (merci les porteurs) et nous pûmes alors nous rendre compte que nos amis étaient venus en nombre nous accueillir à la gare. Il y avait Pierre et sa famille (son épouse Lucie et ses enfants, Christian et Fabrice, mon filleul) ; François (futur pasteur) ; Zéfanias (le vice-principal du Collège) accompagné du Principal et du Surveillant Général ; Abdouraman, le frère de Maïramou. Joli contraste avec notre première arrivée, plus modeste, en 1999. Il y avait même 4 voitures, bien plus que nécessaire. Le trajet à travers la ville fut l’occasion de se rendre compte que peu de choses ont changé : il y a plus de routes goudronnées (c’est bien) et plus de moto-taxis (c’est moins bien).

Le Mont Ngaoundéré… qui ressemble à un nombril africain !

Notre nouvelle maisonArrivés à la station norvégienne, nous sommes allés nous présenter au représentant norvégien, Erik, qui fut surpris… de nous voir avec deux enfants. Un premier courriel envoyé en français, n’avait visiblement pas été complètement compris. L’avantage de l’Afrique, c’est qu’on se débrouille toujours. Il nous trouva donc une maison plus grande, fit rapidement effectuer le ménage (à la saison sèche, la poussière pénètre partout, même dans des endroits parfaitement étanches !) et nous avons enfin pu commencer à nous sentir… à la maison.

Couleur locale

Dés l’arrivée sur sol camerounais, on se rend compte que ce n’est pas comme chez nous !!!! Petite sélection d’images prises au gré des ballades dans la ville de Yaoundé :

rues en terre dans Yaoundé

Yaoundé a beau être la capitale, certains quartiers restent… comme au village, avec les rues en terre. Mais partout, les constructions fleurissent, preuve d’un bon dynamisme.

Écoliers en uniformes

Ici pas de débat : l’uniforme est généralisé dans toutes les écoles. Nos enfants n’y couperont pas non plus !

vendeur ambulant de canne à sucre

Des kilomètres parcourus chaque jour pour vendre mille et une chose : ici, un vendeur ambulant de canne à sucre. Nathan en raffole et notre dentiste se réjouit déjà de nous revoir !

Une call-box, cabine téléphonique pliable

L’arrivée du téléphone mobile a fait naître de nouveaux métiers. Parmi eux, les call-box : une petite table, un parasol, un mobile : c’est parti ! Une cabine téléphonique transportable…

Les déchets : entre voeux pieux et réalité

Les autorités multiplient les démarches pour assainir les villes. Mais il faudrait aussi éduquer : tout en chacun jette sans arrière pensée les déchets par terre, principalement les sacs plastiques qui sont absolument partout.

Une suggestion ?

La société Camrail, qui exploite le chemin de fer, est soucieuse de satisfaire ses clients. Il y a même une boîte à suggestion… dans un petit coin !

Yaoundé, nous voici !

Le 8 février, date tant attendue (redoutée ?) de notre départ pour l’Afrique. Nous avons fini le dimanche en fin d’après-midi de préparer la maison pour les amis qui vont y habiter jusqu’à notre retour. Restait à amener les bagages (7 valises !) à l’aéroport, à passer une nuit agitée et, tôt le matin, nous prenions l’avion pour Paris puis Yaoundé.

dans l’avion…Les contrôles de sécurité se sont bien durcis et lorsque l’on emporte, comme nous, plein de matériel électronique, cela revient à vider son sac entièrement à chaque contrôle. Le vol s’est bien déroulé, chaque passager disposant de son propre écran avec jeux et vidéo à la demande. Les enfants ont commencé une cure de télé !

L’arrivée à Yaoundé nous a fait permis de retrouver la chaleur moite du sud Cameroun. Après le petit stress dû à la récupération de nos bagages (nos 7 valises ont heureusement bien suivi) et le passage de la douane (sans problèmes, grâce aux enfants), ce fut le temps joyeux des retrouvailles avec notre amie Maïramou, notre amie musulmane. Nous l’avons connue en 1999 et elle était vraiment impatiente de notre retour.

Retrouvailles à l’aéroport avec Maïramou

Nos débuts à Yaoundé furent très…camerounais ! La voiture qui devait nous ramener a crevé. Une fois arrivés tout de même, il y avait coupure d’électricité. Nos valises étant pleines de lampe de poche à dynamo, ce ne fut pas un trop grand problème. chez MaïramouNous avons pu aussi faire connaissance avec le second mari de Maïramou. Nous l’avions rencontrée alors qu’elle était mariée à un commerçant de Ngaoundéré, avec qui elle a eu deux enfants, mais qui ne la traitait pas très bien et avait fini par la répudier. Son mari actuel, avec qui elle a aussi deux enfants, est un Alhadji. Cela signifie qu’il a déjà effectué le hadj, le pélerinnage à la Mecque que tout musulman devrait faire une fois au moins dans sa vie. Ce fut un vrai plaisir de rencontrer cet homme cultivé aux principes droits et respectables.

Le 1000 bornes s’exportePour les enfants se fut l’occasion de s’immerger dans une culture bien particulière et de se rendre compte qu’ils ne sont vraiment pas si différents de leurs nouveaux amis camerounais. “feuille, caillou, ciseaux” s’appelle juste “pierre, papier, ciseaux” !  Marie a pu découvrir que les enfants camerounais doivent bien aider à la maison. C’était la première fois qu’elle a pelé des bananes plantains. Cela lui a permis de se faire quelques amies, qu’elle a été bien triste de quitter.

Marie prépare le plantainMarie est ses amies

 

Nathan et un ami à lui…Pour nous, ce furent beaucoup de moments à saluer et discuter avec des visiteurs venus voir les “étrangers de Maïramou”, tout cela étant rythmé par les prières quotidiennes des musulmans, appelés par les hauts-parleurs de la grande mosquée voisine. Là, ils n’ont pas eu à voter sur la question des minarets… j’ai évité de trop en parler !

Marie a pu se faire tresser (elle n’aime pas trop cela), mais le résultat va un peu durer et c’est très joli. Nathan en a profité pour se faire d’autres copains et même une copine qui a beaucoup joué avec lui. Les enfants n’ont pas trop l’air de peiner à comprendre leurs copains camerounais. L’accent du français est pourtant ici bien particulier ! Mais on s’adapte, non ?

Marie se fait tresser, Nathan joue

Marie tressée

Avant le départ en trainArrivés lundi soir, nous sommes restés jusqu’à jeudi soir, moment auquel nous avons pris le train de nuit pour monter sur Ngaoundéré, à plus de 800 km de là. Le train est désormais le seul moyen fiable de gagner le Nord : l’avion ne vole plus que de temps en temps (la compagnie nationale, en faillite, était appelée ici “Air peut-être”) et la route est en train d’être goudronnée, tout en étant peu sûre. Les wagons-couchettes de 1ère classe sont plutôt confortables et le service s’est bien amélioré : il est désormais possible de commander des plateaux-repas et les toilettes sont nettoyées tout au long du voyage. C’est très loin de notre souvenir !!!

Maïramou, son mari et leurs deux enfants

Nous avons voyagé avec le mari de Maïramou, qui devait regagner rapidement Ngaoundéré, un ami à lui ayant perdu sa mère. Ce fut l’occasion de parler un peu plus avec cet homme cultivé et très influent. Nathan de son côté a parcouru les wagons et s’est fait un ami, un autre voyageur du nom de Moussa. Notre fils a vraiment le contact facile. La nuit s’est bien passée, au rythme de arrêts où les vendeurs en tout genre se pressent près du train pour proposer bananes, bâtons de manioc, miel, etc… Et le lendemain matin, nous étions en Adamaoua, la province dont Ngaoundéré est le chef-lieu.

Cado, cado !

Des tas de cadeauxOn y est… dernière semaine, dernière ligne droite ! On commence à sentir la chaleur de l’Afrique…

Actuellement, le principal défi, c’est les bagages. Et plus précisément les cadeaux ! Car difficile d’imaginer retourner sans quelque chose à offrir aux amis… et aux connaissances proches et lointaines. Mais surtout aux enfants de l’orphelinat de Maroua que nous irons visiter au printemps.

On a essayé de faire intelligent : des cadeaux utiles, durables, de qualité. Les produits en provenance de Chine inondent aussi le Cameroun, même s’ils sont souvent de plus basse qualité.  Alors on s’est creusé les méninges : calculatrices solaires, compas, lampes solaires ou à dynamo, moustiquaires, jeux de société, livres,T-shirts et casquettes de production équitable, chocolat,…

On commence tranquillement à se demander si cela va entrer dans nos valises !

On y retourne ?

 

La famille WidmerAllez, on  y retourne ? C’est l’idée qui a germé dans notre esprit il y a bientôt deux ans de cela. Il est vrai que ça nous démangeait d’y retourner après avoir passé trois ans au Cameroun entre 1999 et 2002.

Mais bon, cette fois, il y a le travail et puis deux enfants… plus compliqué…

Christophe va alors demander un congé sabbatique pour redonner des cours d’Education à une sexualité responsable qu’il avait déjà donnés en 2002, avec pas mal de succès il est vrai.  Et le congé est accordé et tout s’accélère. Il y a tant de démarche à faire, tant de choses à prévoir, tant de vaccins à recevoir (record : 3 dans chaque bras le même jour !).

Et puis le temps passe, et, tout à coup, on y est presque…

Vous nous suivez ?